Fleurs d’ombre

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CHF25.00

Product ID: 85017 EAN: 9782940055173 Catégories : , , ,

Le Tessinois Alberto Nessi est avant tout poète, on l’a vérifié en 1996 avec l’édition bilingue de La Couleur de la mauve/ Il Colore della malva parue chez Empreintes. Mais les Romands qui le connaissaient depuis1986 déjà comme prosateur, grâce au portrait de la Suisse italienne qu’est Le Pays oublié et aux récits de Terra matta et du Train du soir (Zoé), le retrouvent aujourd’hui dans un nouveau volume de vingt et un récits: le plus long d’entre eux donne son beau titre à ces Fleurs d’ombre (Fiori d’ombra, Casagrande 1997).
A lui seul, ce titre exprime la manière nuancée de Nessi d’appréhender la réalité, en cherchant toujours à équilibrer le clair et l’obscur: au sens propre, les «fleurs d’ombre» désignent les images créées sur le mur d’un studio de banlieue par la lumière qui passe à travers des plantes posées devant la fenêtre: «Des fantômes, au lieu des faits du jour», commente la spectatrice de cette lanterne magique. Métaphoriquement, la recherche d’une trace de bonheur qui éclairerait un présent plutôt sombre occupe presque tous les protagonistes de ces récits. Comme le Nick de «Retrouvailles», ils vivent de souvenirs et comme son interlocuteur, devenu avec l’âge un observateur mélancolique, ils cherchent à faire perdurer ce qui tend inéluctablement à disparaître: «Au lieu de faire les choses, explique-t-il, je les dis en moi. Je me dis davantage de choses à moi-même que je n’en dis aux autres. Parfois, les autres me paraissent comme des enseignes décolorées. Pour les faire revivre, je dois les faire parler à l’intérieur de moi.»
Restituées par un écrivain à l’écoute des personnes qui l’entourent, dans ces lieux de confidences que sont le cimetière, le bistrot ou le train, ces voix qu’on entend sont souvent des voix de femmes: celle de la sommelière de l’Autobar, qui se compare derrière son comptoir à une phalène qui tourne autour de la lumière, avant de rentrer chez elle à l’heure des renards. Ou de cette quinquagénaire péremptoire qui préfère les roches nues, les pierriers et les gravats aux humains. Ou encore de la concierge qui vient de perdre son mari et écoute la nuit, couchée sur son lit de veuve, les arbustes du jardin se parler entre eux. Quant à Amalia, elle repense à son passé en prêtant l’oreille à la voix sombre de la rivière qui ne se tait jamais…
Pour les adultes nostalgiques, les infirmes, les vieux, toujours une menace plane, un scorpion se cache parmi les herbes, un remords ou un regret affleurent, la solitude fait durement ressentir l’absence de partage, «parce que tout le monde a des histoires à raconter, mais personne ne veut les écouter». Il en va tout autrement pour les enfants et les adolescents, qui découvrent le monde avec le sentiment que les choses n’existent que pour eux. Et qu’elles dureront toujours, comme ce ruban rouge pareil à une fleur «qui semble ne jamais devoir mourir», perdu jadis par une fillette qui faisait la pièce droite devant la tombe de ses ancêtres.
Cette galerie de portraits fraternels, où s’entrecroisent tant d’histoires d’amours souvent inachevées, ressuscite les désirs et la vie des «gens de peu» aux côtés desquels se range l’écrivain. Mais pas de misérabilisme ici, plutôt une perception des choses qui donne à la réalité une couleur et une tonalité affectives, en empruntant à la poésie quelques-uns de ses procédés: images, rythmes et répétitions. Si bien que le lecteur de Fleurs d’ombre s’identifie sans peine à cet homme «en veine de réflexions» qui rêve de renaître comme une feuille au printemps.

EAN

9782940055173

Auteur

Nessi Alberto

Editeur

La Dogana