Vierges
Laure Adler
Aujourd'hui la virginité est à la fois un tabou, une préoccupation, voire une obsession. Être vierge alors qu'on ne l'est plus, tout en voulant apparaître comme si on l'était encore, demeure encore un sport de combat pour certaines filles qui courent les cabinets de médecins véreux - la loi heureusement l'interdit depuis 2021 - à la recherche de certificats de virginité. Souvent parce que la famille du futur conjoint l'exige. Mais pas seulement. La virginité a le vent en poupe. On veut être vierge, l'affirmer fièrement pour certaines, surtout celles qui ne le sont plus, ou marchander sur les réseaux sociaux le prix de sa perte alors que tout le monde sait que la preuve de la virginité n'existe pas et que la déchirure de l'hymen ne constitue médicalement en aucun cas une preuve. Et pourtant les croyances perdurent, entraînant des pratiques attentatoires à la liberté des femmes. Et pourtant les mythologies de cette fameuse première fois continuent à hanter et à structurer nos imaginaires.