Le monde sans visa

Avant d’être l’un des principaux acteurs de l’essor du téléfilm en Suisse, Yvan Butler a été grand reporter. Parcourant le globe pour y documenter des conflits dont bon nombre d’enjeux et d’éléments étaient tus ou méconnus, il s’est attelé pendant plus d’une vingtaine d’années à rendre visibles les conséquences humaines des oppositions géopolitiques. Ce faisant, il a contribué à sensibiliser les pays occidentaux à des événements que l’éthique ne permet pas d’ignorer. Désormais âgé de 95 ans, il poursuit cet effort en livrant ses mémoires de reporter de guerre, composés de quatre textes racontant autant d’expéditions périlleuses menées entre 1963 et 1978. Avec humilité, Yvan Butler narre les moments vécus, les gens rencontrés et les voyages entrepris comme s’il les filmait – sans trop s’épancher, en s’effaçant au mieux pour que les choses parlent d’elles-mêmes. Tour à tour au Yémen, au Cambodge ou au Vietnam, l’on découvre les particularités propres à chacune des guerres ayant meurtri ces territoires, tout en constatant que la cruauté, la misère et la persécution s’expriment semblablement partout, et que partout elles doivent être combattues sans concession. Le récit de Butler nous en fait le douloureux mais salutaire rappel, résonnant singulièrement avec certains faits d’actualité.